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Hors des murs du palais
Le prince des Framboises
Je me disais qu'un jour j'allais écrire sur les hommes de ma vie...
Histoire de poser certaines choses ici.
Pour tout changer, commencer une nouvelle vie.

Pour me regarder aussi. Quelque part.
Ben voilà
Je commence aujourd'hui.

Je vous épargne mon amoureux de la crèche ?
Bon d'accord.
Mais il était fou de moi, sachez le.
On se bisouillait tout le temps.
M'enfin voilà, je vous épargne ça.

Passons à ma love story avec le Prince des Framboises.
Appelé comme ça par ma mère, car il y avait dans son jardin un énorme framboisier.
Aussi généreux qu'immense.
Et qu'un jour le petit prince lui avait dit "madame, tu veux des framboises?"
Elle avait fondu.
Il avait mon âge, il était mignon, il adorait les dinosaures.
Encore aujourd'hui je ne peux pas voir un dinosaure sans penser à lui.
On se retrouvait tous les soirs après l'école.
Chacun de son côté du grillage qui séparait nos jardins.
On s'asseyait sur le petit rebord en béton, et on papotait.
Il faisait claquer des petits pétards, on mangeait des framboises de chez lui, des prunes de chez moi, et on parlait de Disney Channel.
On a fini par faire un trou dans la haie, histoire d'être à l'aise.
(c'est vrai quoi, c'est pas bien les feuilles de laurier rose
qui chatouillent de partout !)
Comme on voulait être tout le temps ensemble,
et que nos parents ne nous accordaient qu'exceptionnellement le droit de nous voir
sans grillage entre nous, nous avions décidé de casser nous-mêmes le grillage.

Armés de pierres, que nous croyions terriblement efficaces, nous continuâmes (wah)
à papoter joyeusement tout en tentant de casser le grillage.
Ca n'avançait pas des masses, mais nous avons gardé espoir jusqu'au bout qu'un jour ce grillage tomberait.
Oui parce que...on voulait installer une porte.
Pour aller l'un chez l'autre comme on voulait.
(sans avoir besoin de se faire hisser de l'autre côté, comme un paquet de lessive...technique, qui, en outre impliquait au moins un adulte, ce qui réduisait sensiblement notre autonomie personnelle).

Une fois j'ai fugué.
Mon Petit Prince m'avait dit de lui faire confiance.
Un peu plus loin de notre traditionnel lieu de rendez vous,
il avait remarqué que le grillage se soulevait légèrement.
Il a donc soulevé le grillage.
(si si on avait 6-7 ans)
et je suis passée dessous.

Et j'ai passé 5 minutes de pur bonheur
Oui 5 minutes parce que mon père avait vu ma fugue.
Et que j'ai été ramenée manu militari.
C'est peu de le dire.
J'ai passé le reste de l'après midi toute seule dans ma chambre, punie.
Mais par la fenêtre, lui et moi, on se regardait en souriant :)

Ca a duré des années.

Un jour il a déménagé.
Sans me dire au revoir.
Ma mère m'a dit que ça devait être trop dur pour lui.
C'est la première fois que je pleurais pour un garçon.
Et la seule fois que mon père m'a consolée.

(Texte rapatrié de mon ancien univers).
 
Ecrit par Khachoe, à 03:37 dans la rubrique "Impermanences".



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