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Hors des murs du palais
Jad Wio
Il fallait bien que j'en parle.
Parcequ'au milieu de ma vie engluée de questionnements,
il y a eu ces deux petits soirs avec mon homme.
La fête de la musique sous la pluie.
Le concert de Jad Wio sous la pluie.
Woodstock sans boue.
Et le lendemain, le concert de Jad Wio au Triptyque.
Sans pluie, mais Woodstock quand même.
La classe, le charisme de Bortek.
Son élégance, sa silhouette d'Elvis dandy qui déambule au milieu de nous.
Leur proximité simple, souriante.

"On s'en fout on rentre à pied, hein chéri ? Si on peut lui parler on s'en fout hein ?"

Finalement, je me décide, je me jette sur Bortek, je lui déverse mes questions.
Il répond simplement, il répond ce que je sentais déjà.
Qu'il faut travailler, sans tergiverser.
Rien de transcendant, aucun conseil profond d'un Yoda de pacotille, juste la vérité.
Il ouvre les vannes, il ne le sait pas mais
tout son être me crie que je dois arracher cette corde qui me retient à mon enfance.

Et puis il penche sa tête comme une jeune femme,
et il me demande "tu m'offres un verre?".

J'ai toujours eu le sentiment de devoir me fabriquer moi même ma famille.
Me sentant inconnue dans la mienne.
J'ai toujours eu envie de sortir doucement de mon côté bourgeois
lisse, propre et opressant.
J'ai toujours eu envie de petite perversité, d'un peu me sentir en danger.

Et ce mec là, élégant, doucement féminin, en costume blanc devant moi.
Il me regarde, me parle en me regardant de près, dans les yeux.
Je sais que d'où il vient, ce qu'il fait, ce qu'il est,
est le pire qui puisse arriver à un homme.
Et pourtant il en a fait sa vie, il est heureux.

Il ne se pose plus de questions.
Et il m'a dit de ne pas m'en poser trop non plus.

Depuis j'ai l'impression de me tenir plus droite quand je marche.

Avec mon homme, nous sommes rentrés à pied, traversant Paris dans la nuit.
Passant par la silencieuse Place Vendôme.
Les abricots écrasés dans mon sac ont fini leur vie dans l'indifférence la plus totale.
On était bien comme on sait si bien l'être quand on est tous les deux.

Le bonheur ça ressemble à ça,
être à 3h30 du matin,
pieds nus sur l'esplanade des Invalides,
avec son homme,
après un concert de Jad Wio.

Ecrit par Khachoe, à 11:20 dans la rubrique "Impermanences".



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