Cet après midi au travail, je prends un appel d'une dame.
Elle a relevé immédiatement mon prénom, et m'a redit "bonjour Khachoe !"
Ca m'a fait sourire, c'est rare que les personnes que j'ai au téléphone rebondissent aussi maternellement à mes sollicitations.
Elle répond à mes questions de parfaite petite employée
d'un service client d'opérateur téléphonique.
Et au détour d'une phrase, elle me dit qu'elle a eu beaucoup de problèmes à changer le nom du forfait de son téléphone,
car son mari étant décédé, elle voulait mettre la ligne à son nom.
Elle m'explique ses démarches, d'une voix douce et chaleureuse.
Et je ne sais pas si c'est sa gentillesse cotoneuse qui est entrée en collision avec la mort de son époux, ou sa douceur ravageuse qui m'a touchée au milieu du stress de ce travail nerveusement épuisant.
Mais quand j'ai raccroché, j'ai pris ma pause.
Je ne pouvais pas continuer.
Je ne pouvais pas passer à autre chose, pas tout de suite.
J'étais nerveuse et j'avais envie de pleurer.
La tête entre les mains, seule en salle de pause.
A me demander comment font les gens, pour ne rien ressentir.
Comment font les gens pour ne penser qu'à eux, même si ils ont sous les yeux la souffrance pure, pudique, mais profonde.