La nuit.
La route.
La douceur de l'air.
La fumée blanche qui s'échappe de nos bouches.
Le lui, le moi, le petit nous.
La liberté.
"Je ne m'habitue pas à l'aimer"
Quand j'ai dit ça, mon ami a frémi.
Mais il n'a pas compris ce que je voulais dire.
Je l'ai délivré en lui disant que c'était une phrase
qui relevait plus du romantisme de Playmobil que de l'aigreur.
Et je veux ne jamais m'habituer à l'aimer.
Je ne veux jamais trouver ça normal d'aimer me réveiller avec lui.
D'embrasser son dos nu.
Goûter ces instants où il dort près de moi.
Ces instants où il se réveille en souriant, les yeux fermés, tout embués de sommeil.
Et où je me sens à ma place et lui à la sienne.
La nuit.
Sa peau.
Son ombre chinoise qui me rassure.
Ses yeux dans la nuit.
Je ne veux jamais m'habituer à me sentir à ma place près de lui.
Je ne veux jamais voir disparaître ces bouffées d'amour qui me submergent.
Je ne veux jamais que ma petite voix intérieure se taise.
Je veux toujours me demander s'il est possible que je l'aime autant.
La nuit.
Le froid.
L'herbe et l'eau.
Son corps qui me réchauffe et me protège.
Je veux toujours m'émerveiller comme une petite fille.
Me dire que j'ai de la chance.
D'être si fragile devant sa force.
D'être si forte devant sa fragilité.
Je veux toujours tomber des nues.
Quand je me rends compte qu'il comprend
tout ce qui germe dans mon esprit.
Quand il ne juge pas.
Quand il pense parfois la même chose.
La nuit.
Les pieds dans la poussière.
Fatigués.
Le noir complet.
Aveugle, le suivre.
Sans peur.
Le lien.
Le rire.
La musique.
Les p'tits cailloux.
à 17:12