Plus Noël approche, moins je suis tranquille.
J'aimerais tant arriver droite sur mes pieds, solide, insouciante.
Au lieu de ça je redoute ces jours alignés avec eux.
Je redoute la petite fille naïve et sensible qui remplit mon corps.
J'ai peur qu'elle soit blessée, à nouveau.
J'ai peur des mots, ces mots inconscients de leur pouvoir,
ces mots qui tranchent dans la viande fraîche, ces mots qui tuent le regard bleu.
Alors oui j'ai peur de leur jugement,
oui j'ai peur de leur façon de me regarder,
oui j'abhorre le silence de ma mère (et de mon père)face à mes 10 kilos envolés,
oui je hais sa façon de me dire que "si tu as ton concours,
je ne veux pas que tu demandes à être mutée à la Réunion",
juste parce que la femme qu'elle hait le plus au monde y habite.
Comme si c'était mon envie.
Comme si ça voulait dire quelque chose.
Comme si j'étais encore susceptible de passer à l'ennemi.
Comme si j'avais en moi les graines du malin.
Les personnes avec qui je passe le plus de temps me trouvent trop sensible,
trop craquelée dès que les mots fusent.
Trop facilement "atteignable"
Quand le plafond tombe sur ma tête.
Alors elles se permettent des comportements étranges.
Pour "me faire changer"!
L'une d'entre elles m'a tiré la langue en faisant un bruit de pet,
alors que je posais une question.
***
Hier elle m'a dit d'un air supérieur "oui mais, toi, de toute façon tu comprends rien!!"
(alors que je me demandais à voix haute si le dernier épisode de Prison break
était le 1er de la saison 2 ou le dernier de la saison 1).
***
Il y a quelques semaines j'ai eu droit à
"Mais VRAIMENT, même si tu te forces tu peux pas dire rôôôse ? ou jôôône ?
au lieu de le dire avec ton accent du sud ?"
Alors oui, je trouve ça con,
oui je prends ça comme un acte d'une grand grossiereté
oui ça me blesse que quelqu'un me parle de cette façon.
Si c'est ça, alors je suis trop sensible,
mais c'est trop tard...
Ni mon accent ni mon coeur bondissant ne changeront.
