Sa peau me manque terriblement ce soir.
Cela fait maintenant quelques semaines que nous nous sommes séparés...
toujours sur ce même quai de gare froid...
La seule différence avec les autres fois, c'est que ce soir là, l'air était empli de petits flocons cotonneux qui dansaient au dessus de nos têtes. Comme pour nous offrir un petit écrin romantique et duveteux, alors que chaque départ nous déchire.
Encore une fois j'ai remonté ce quai interminable, vide et lépreux.
Encore une fois j'ai pris le métro en me sentant vide. Je sentais le vide qu'il avait laissé, mais pas encore la souffrance du manque, il était encore un peu là, mes draps avaient gardé son parfum, et quand je plantais mon nez dans ma couette, je souriais encore...
Les parfums se sont envolés, les traces de son passage gommés et remplacées par les miennes, filles uniques dans cet univers clos.
Et je ressens cette fureur, et en même temps cette profonde tristesse, mêlées à cette tension indescriptible.
Je le retrouverai sans doute sur un autre quai de gare.
J'essaierai de réprimer cette envie animale de mettre mon visage dans le creux de son cou, en fermant les yeux. Et rester là...sans bouger aussi longtemps que je le voudrais. Le respirer. J'essaierai de ne pas pleurer non plus.
J'essaierai de trouver sur l'instant une phrase banale, drôle peut être, barricader encore cette pudeur avec des mots, là où mon silence dévoilerait trop la chair à nu.
